
Depuis l'été dernier, impression de ne plus habiter plus nulle part. Bien entendu cette situation n'a rien à voir avec celle des malheureux sans domicile fixe qui luttent pour survivre dans le froid mortel des grandes villes. J'ai un toit, un lit, du chauffage dans un appartement assez confortable. Mais je ne l'habite pas réellement. Je sais que ce logement est provisoire et constitue une escale vers autre chose. Quoi, où ? Je ne saurais le dire encore.
Du coup, j'ai l'impression d'habiter ailleurs. Dans un appartement face à la mer où je me réfugie quand la saison le permet. J'y retrouve toute mon histoire, de mon enfance aux premiers pas de mes enfants. Moments heureux ou nostalgiques qui me donnent l'impression d'exister quelque part dans un univers rassurant. Dans une toute autre perspective, je me sens " habiter " l'appartement lointain d'une femme aux yeux changeants. J'y trouve des moments intenses et vifs que je rêve de prolonger sans savoir si nous aurons le temps d'y écrire une histoire.
Entre ces deux lieux suspendus, j'ai aussi l'impression d'avoir une fenêtre ouverte en permanence sur Internet. Impression d'habiter notre blog. J'y fais un peu de ménage ou de bricolage, j'y laisse quelques mots et j'y écoute mes amis colocataires.
C'est dans ce lieu que j'imaginais attendre le nouvel an. Je craignais ce moment qui me semblait sans promesse particulière, sans vœux clairement exprimables mais avec une obligation de réjouissance. J'avais même imaginé être le premier à poster un message le 31 décembre à minuit !
Pour mon plus grand bonheur, les choses se sont déroulées autrement. J'ai passé la fin de l'année dans un lieu que j'aime habiter. Cette nouvelle année avait les yeux que j'avais envie de voir.
Pourtant ces délicieux moments ont une fin, que j'espère provisoire. Je suis donc rentré chez moi. J'ai allumé l'ordinateur pour retrouver mes amis, notre blog. Il y était question d'habitat troglodyte, de caverne, etc. On s'inquiétait de l'absence prolongée de certains de ses habitants. Je me suis senti concerné. Je m'étais éloigné sans rien dire. Il m'a fallu du temps pour me trouver quelques mots d'excuse.
(Christophe)
9 commentaires:
Bienvenue chez toi ! Comme tu le vois, nous hibernons. La provision de châtaignes devrait permettre de tenir tout un hiver. Thierry a eu la grippe, nous attendons le bulletin de santé, sinon, ça va. Nous sommes deux - trois somnambules à rêver debout, les autres attendent le dégel en rêvant couchés.
Merci de tes nouvelles, Christophe. Tu as trouvé un lieu à habiter, un regard où tu existes. Je n'appelle pas ça une excuse. Dis plutôt une raison, une très bonne raison. Bienvenue dans la grotte, tu peux venir te coucher au milieu ou rester encore un peu auprès du feu, nous avons tant à nous dire.
J'ai reçu comme vous tous la lettre de Fabula point d'orgue, il y a deux heures. Quel charivari, quelle foire d'empoigne, tant de paillettes qui scintillent, toute cette culture grouillante de vie, des parlottes et des "regardez-moi penser", tous ces brillants intellectuels qui ont écrit, relu, corrigé,édité. Ces invitations à la pelle à se rendre à des séminaires, des colloques, des causeries.
Faut-il vraiment un mot d'excuse pour s'absenter ? Je vais peut-être piquer un somme, moi.
Merci Anne-Marie, pour ton accueil bienveillant. Cela fait plaisir de constater qu’il y a toujours quelqu’un pour entretenir notre espace de rêve éveillé et s’inquiéter de la présence de chacun. Je ne contredirais pas ton interprétation de mes quelques mots d’excuse. Tu as raison, j’avais une très bonne raison de ne pas être là. Mais je me demande encore, si la « raison » n’était pas un rêve. Je reviens dans notre grotte, loin du regard où j’existe (où j’existais…).
Comme toi, j’ai même pris le temps d’éplucher la lettre de Fabula. J’avoue que j’ai un faible pour les journées d’études de l’association Gradiva : « Les hommes préfèrent les blondes ». Représentations de la blondeur dans les arts ;-)
Bienvenue, oui au retour de Christophe, qui traverse tant d'épreuves redoutables. Plus encore que les blondes, je crois que les "femmes aux yeux changeants" sont de terribles incarnations du Sphinx telles que l'époque symboliste les a illustrées avec talent. Il y a une description par Huysmans du regard de Madame Chantelouve dans Là-bas qui évoque ces regards avec des poudres d'or qui passent comme des nuages (je cite de mémoire). Méfions nous des femmes aux yeux changeants....! :)
Le bricolage est, dans cette situation, un excellent dérivatif !
Mais, comme le chevalier qui revient de chez Klingsor, il n'est pas besoin de mot d'excuse, même si nous ne sommes pas le Vendredi Saint... Il y aura bien un Gurnemanz pour conduire l'égaré à Montsalvat ! En attendant, nos compatriotes fabuleux de Fabula continuent à interroger l'ordre du désordre (ou l'inverse je ne sais plus), l'espace du non-lieu et l'intertextualité de l'intertexte.... Il n'y a pas que les filles-fleurs pour nous égarer ! Il y a aussi bien des plantes vénéneuses dans l'intellect...
:)D
Cher Jean-David, merci pour tes avertissements précieux et documentés. J'avoue que j'aime la douceur des yeux changeants (je pensais à la couleur plus qu'aux intentions) de ma louve, en tout cas, beaucoup plus que je ne la crains.
(Christophe)
J'ai été tout simplement, mon cher Christophe, très très heureuse de te lire...
Bise de nouvel an !
Michelle
Merci Michelle, je sais bien que ta présence discrète et amicale contribue également à l'hospitalité de notre blog.
(Christophe)
Hello, Christophe, j'ai pas lu la lettre de Fabula, j'ai pas regardé s'il y avait du nouveau sur notre blog, j'avais pris le pli de l'assoupissement et puis voilà un revenant. Un retour à la "maison" qui fait plaisir. Il semble qu'après le succès de la figure du lapin, le leitmotiv du refuge, du chez-soi, s'impose. Etre là, tout simplement là ; et on verra bien.
Je termine (je ne peux m'empêcher) par l'oracle de ma machine, elle a dit "weleciti", quelque chose entre "félicité et "well in the city". Diantre !
Mais, nous attendons toujours des nouvelles de la "femme aux yeux changeants"... ;)
Moi aussi, j'attends régulièrement de ses nouvelles ! Et je suis sûr que vous en recevrez d'autres mais de manière indirecte, comme il se doit pour la bonne tenue de ce blog :)
(Christophe)
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