
Un étal aux Halles de Nîmes. Les Pink Ladies, petites, pas chères sont du Gard. Je m'arrête. Derrière moi, les voix d'un homme jeune et d'un homme mûr. Quelqu'un est mort qui connaissait quelqu'un, mort depuis longtemps.
— … oui, je l'ai connue, elle est morte en 51…
— … elle était belle ? …
— M…oui, elle…
Je décroche. J'empile mes pommes dans un panier en plastique. Puis j'entends qu'il est question de tableaux de collection.
— …mais nous aussi… mes parents avaient des tableaux, ils avaient un Renoir. Un nu
— ?????
— Ils l'ont vendu, moi, je ne l'aurais jamais vendu.
— D'ailleurs, il est maintenant à la Tate Gallery.
— C'était un paysage ?
— Un Renoir, un nu, à Londres, la Tate Gallery de Londres.
Je me retourne, le jeune homme est un des vendeurs de l'étal, Renoir, la Tate n'est pas son rayon. Pourquoi l'homme grisonnant qui fait ses courses n'explique-t-il pas avec davantage de bienveillance de quoi il retourne puisqu'il semble familier du jeune homme ? Cette manière me laisse perplexe, me dérange. Je renonce à me mêler de la conversation alors que le fait d'avoir capté en direct la trajectoire d'un Renoir entré à la Tate Gallery m'amuse. Dommage.
Devant mon écran, je visite le site de la célèbre institution londonienne. Sept Renoir, un seul nu. Gabrielle Renard, la cousine de la femme du peintre, morte en 59 (donc la personne morte en 51, ce n'et pas elle).
Le tableau a été légué en 1983 par une madame A.F. Kessler, ce qui ne confirme ni n'infirme qu'il s'agisse du tableau en question. Je ne saurais jamais ce qu'il y avait de vrai dans cette histoire, la mienne s'arrête là, pour l'instant.
Françoise
5 commentaires:
On a donc:
- des pommes
- des pommes mûres (je le suppose, sinon tu n'en n'achèterais pas, Françoise)
- des hommes
- dont un homme mûr
- un nu de nature à donner envie aux hommes de croquer la lady-pomme
- quoique la jeune Lady-femme ne soit pas pink
- elle s'affiche tout de même en Angleterre
C'est en effet un joli noeud de coïncidences (on se croirait dans un carnet d'Auster).
Si les pommes avaient été des Cox-Orange (variété devenue rare) on était raccord ; ton sur ton avec la Gaby de Renoir, plus dorée que pink, mais les hommes, encore verts ou déjà gris, ne "croxent" pas ce genre de belles.
Françoise
PS : Ella, je te dois ma fixette sur les inventions verbales du contrôleur qui enregistre nos commentaires. Pas très en forme cette fois-ci, il me sort "glerrye" sans aucun esprit d'à propos…
Il n'y a pas que les pommes qui soient mûres, il y a aussi la peinture... Renoir, malheureusement, à une certaine époque de sa vie a plus tartiné que croqué... Il en résulte un tartouillage dont les propriétaires, si c'était eux, ont bien fait de se débarrasser.... On peut aimer Renoir, mais il ne faut pas être pomme non plus... et il faut toujours préferer la peinture à la confiture :)
Allons donc, Jean-David! comme si la peinture , ça ne dégoulinait jamais de bons sentiments (ou de moins bons) et ne passait pas par les trous de la tartine des académismes en tous genres.
Alors qu'avec la confiture, l'équation sucre et fruits réserve assez peu de mauvaises surprises.
d'accord avec Françoise: les petites cox, quand on en trouve sur les marchés, faut lâcher les sacs, fermer les yeux, oublier les gens , planter les dents dans la chair de la pomme et c'est du pur bonheur!
(fin de la minute de publicité)
Raplapla par les virus de l'hiver à ne pas pouvoir regarder l'écran trop blanc pour mes yeux larmoyants. Pour dire que oui, Renoir c'est très mou, trop mou trop souvent, d'accord Jean-David. Moi aussi je l'aurais vendu illico le tablô et l'aut' ¨ aussi, quoi qu'il en dise…
"rotscu" pour un pépin qui vous gratte le fond de la gorge, ça l'fait
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