vendredi 20 février 2009
La crise gagne-t-elle le bogue?
Le silence règne sur le bogue depuis des semaines. Les échos philosophiques, métaphysiques, humoristiques, artistiques de notre triple quarteron ont disparu et même le Clairon socratique a cessé de paraître ! La morosité aurait-elle gagné ? Après le naufrage, la disette ? Mais comment cette crise, dont on sait qu’elle est majoritairement psychologique et que, en réalité, elle ne touche qu’une infime partie de la population dans notre pays, comment vient-elle troubler la réflexion des amis du bogue? Qu’il y ait une crise financière liée aux comportements aventureux des financiers américains : oui. Que cette crise ait entraîné des faillites bancaires et, par la titrisation de ses risques, contaminé par ses produits toxiques des établissements internationaux et entraîné une raréfaction du crédit : certes. Que la baisse de la consommation de certains produits industriels ait entraîné quelques dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires : soit. Mais la majorité de nos compatriotes, et les chercheurs aussi, n’ont ni portefeuille boursier, ni stock options, ni investissements immobiliers mirobolants. Leurs salaires sont les mêmes, leur vie quotidienne n’a pas changé, bref, quoi de nouveau ? Sinon le discours obstinément catastrophiste de journalistes enthousiasmés par le syndrome de Cassandre. Pas un jour, depuis des mois, sans que Monsieur Pujadas ou Madame Chazal ne pointe son doigt vers la caméra en clamant, avec, n’en doutons pas, un plaisir secret : “C’est la crise. Qu’allez vous devenir ?” Et de pitoyables “micro-trottoirs” d’aller débusquer la ménagère sur le marché, le cadre moyen dans son bureau, l’étudiant sur son campus : “Tu consommes moins, hein ?” , “Comment tu fais pour vivre ?”, “Vous n’achetez plus de légumes, hein ?”, la jouissance perverse et stupide aux lèvres humides des journalistes, ravis d’avoir quelque chose de désastreux à annoncer. Nulle surprise, dès lors, que la crise se transforme et gagne du terrain : la peur, et ceux qui s’en servent construisant avant l’heure une actualité fantasmatique au lieu de relayer la seule information du moment, agit plus vite que le cours réel du temps économique et social. Cette crise psychologique aurait-elle gagné sur le terrain intellectuel pour que les amis du bogue fassent eux aussi économie de leur parole, en attendant des temps jugés plus cléments ? Mais la salive et les cellules grises ne sont pas titrisés et ne souffrent pas d’une raréfaction bancaire... Et si demain, les artistes, eux aussi, estimaient dangereux de peintre, de sculpter, “d’installer” (ça cela serait moins grave..ha ha ha) parce qu’il faut économiser le talent et l’inspiration ? De grâce, Mesdames et Messieurs les intellectuels,ne faites pas le jeu des journalistes ! Ne croyez pas à “La Crise”...
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3 commentaires:
Et oui, la crise, la crise, toujours la crise qui nous rend silencieux, laborieux et même prudents puisque ces propos révolutionnaires ne sont même pas signés !
Tentons de surmonter et d'exprimer "nos" crises...
(Christophe)
Ha oui, en effet, j'ai omis de signer ! Désolé. Ce n'était pas intentionnel.. j'avais aussi perdu l'habitude...
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