mercredi 5 novembre 2008
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Un terrible bug informatique a frappé la liste de diffusion du très sérieux site Fabula.org (La recherche en littérature) durant tout le week end du 25-26 octobre 2008. Cet événement sans précédent a provoqué des réactions inhabituelles : certains abonnés étaient révoltés ou indignés, d'autres ont décidé de s'en réjouir, d'en rire et, finalement, d'en prolonger les effets...
10 commentaires:
Fatigué, songeant à répondre à Anne-Marie (tant de choses à dire), découvrant à l'instant Gombrowicz pour de bon (comme si rien avant, c'est étrange), petite pause et j'ouvre la fenêtre, et tombe sur cette magnifique photographie, mais comme dit Gombrowicz dans Cosmos:
"Comment ne pas raconter après coup?"
(Après coup est souligné.)
"Ainsi il faudrait penser que rien ne sera jamais exprimé pour de bon, restitué dans son avenir anonyme, que personne ne pourra jamais rendre le bredouillement de l'instant qui naît (...)", ensuite.
Ce qui m'impressionne le plus dans cette photographie (après coup une seule), c'est que j'en ai d'abord vu deux. La ligne blanche ne coupant pas la route, mais deux photographies, l'une au-dessus de l'autre.
La ligne horizontale est blanche comme l'écran, mais finalement pas droite, épaisse, sur la route, bel et bien.
Et ensuite? Comme se distribuent alors les lumières, les Espaces d'un seul Espace, déjà avant la "mer"? On dirait que la route interdite est plus belle, et pourtant la même? Une autre lumière, la perspective donnant à sentir une montée (monter vers la "mer" comme vers le "ciel")?
La route interdite monte, redescend, attaquée sur la droite par le sable, mais on dirait aussi qu'elle pénètre dans la "mer", au-delà de la "terre", non?
La route interdite va trop loin.
Cela dit, le bleu de l'interdiction est très beau aussi.
Bref, sans doute la fatigue (ou les premiers effets très-heureux de Gombrowicz!), mais cette photographie est aussi "bizarre" qu'une certaine flèche, peut-être dessinée à la surface d'un certain plafond.
(Peut-être est souligné.)
Merci!
Lapsus que je ne songe à interpréter: Gombrowicz parle d'un "devenir" ("anonyme"), là où je citais "avenir".
Bonne nuit, bonjour!
(Et corrigeant mon lapsus j'en commettais un second: G. par d'un devenir, au lieu de "parle". Il est temps que j'abdique!)
Je m'interroge (la déformation professionnelle sans doute) : Point de fuite (possible)... Dans le sens de "pas de fuite possible", nous sommes acculés à la mer d'une part et confrontés même à l'interdiction nommément inscrite sur le sol de l'autre, n'est ce pas ? Mais pour un historien de l'art, le sens est un peu différent.... puisque le "point de fuite" désigne le lieu imaginaire, ou figuré par un élément plastique, qui, sur le tableau, constitue la jonction de lignes fuyant l'une vers l'autre et permettant artificiellement la mise en place d'une perspective. Ce "point de fuite" devient donc dans l'image une réalité (pas seulement possible mais unique) puisque la jonction des lignes extérieures du chemin, dans une perspective frontale et monofocale (car il existe d'autres possibilités à plusieurs points de fuite), aboutit à l'horizon. La lecture de l'image, selon les principes de la perspective albertienne (qui depuis la Renaissance habite bon gré mal gré l'art occidental)débouche ainsi sur un sens totalement contraire à sa perception première : le regard ne s'arrête plus au bord de l'eau ou à la ligne de l'interdiction, il passe par dessus et rejoint la mer toujours chérie par l'homme libre, dixit Charles. De l'emprisonnement par le sens courant ou la vision iconographique de la photographie, on passe à une lecture plastique qui dit exactement le contraire. C'est pourquoi les images ont toujours fait rêver, elles ont leur vie propre et portent, au-delà d'elles mêmes, un message d'évasion, une "invitation au voyage"..
Ella veut-elle nous dire que nous sommes désormais prisonniers du blog..? ;) Que nous pouvons nous en échapper, ou seulement nous livre-t-elle la beauté plastique d'une image ? .....
Il y a toujours un débord : un point de passage possible.
Pour que l’on puisse passer, il faut et il suffit qu’il y ait un point de passage. Et cela suffit amplement, si l’on est soit même un point.
Un point suffit à faire un monde. Un point de fuite architecture l’espace. Le crée et le déploie ; Francastel disait d’un Mondrian (Victory boogie woogie) qu’il construisait l’espace autour de lui. Kandinsky, dans Point ligne plan montrait comment la simple trace d’un point dessine la ligne et pose le plan. Et cette expansion indéfinie du point nous est chère, à nous tous, amis du bug, de l’erreur devenue monde.
Cette photo « point de fuite possible » est un jeu de bords, il y a les bords horizontaux, toujours par deux, celui de la plage et de la mer, et ceux de la ligne planche. Mais il y a aussi l’arc de cercle presque parfait que forme le bord de la route.
Le point que nous cherchons se trouve exactement dans ce « presque » car il y a un débord, un sorte de relief horizontal de la route, qui déborde de l’arc de cercle que dessine le reste du bord de la route. Cette route devrait être close, ne pas mener jusqu‘à la mer, mise ici pour l’infini. Mais on voit bien par ce débord qu’elle a fait comme le fameux pont de Kafka, un effort surhumain pour prendre conscience et se dépasser, au point de rallier l’infini, qui la dépasse, mais auquel elle conduit.
Cette structure, avec la terrible ligne blanche ressemble à s’y méprendre à la première topique de Freud, avec, du plus proche au plus lointain, l’inconscient, la ligne blanche de la censure, la plage du préconscient, avec sa courbure menant au vestibule de la conscience, le débord, minuscule mais grand ouvert sur la mer, qui est ici sans doute la réalité extérieure. (Freud prisait peu le « sentiment océanique »)
Le débord est le point de conscience, et donc à lui seul le point de passage que nous cherchons. Cette photo là, avec ce titre là, me semble donc répondre à sa question. Le titre demande : y a-t-il comme un passage vers l’infini, ou ce passage est il barré, censuré, interdit, impossible, échoué ? La photo répond oui, résolument. Mais c’est un autoportrait.
Le mot « point » aussi est une réponse, et au fond, la même. Car « point » est à la fois la négation et le point, et dit donc qu’il n’y a là rien du tout, si ce n’est un point. C’est le discours même de Descartes lorsqu’il cherchait à préciser la place nécessaire et impossible de la pensée dans la matière étendue, le lieu de l’âme dans le corps. Il faut bien qu’elle soit quelque part pour être, et dans mon corps pour être en moi, mais elle ne saurait s’étendre sans être étendue, c'est-à-dire matérielle. Descartes répond par le point, la glande pinéale, inscrite dans l’espace, mais infiniment, petite, au point, de n’être rien qu’un point. Le point depassage, c’est le point de pensée. La leçon importe, sans doute, puisque ce point, c’est moi.
Jean-Paul Galibert
Pourquoi respecter les écritures ?
Même bleues ?
A thierry: c'est la même route, celle qui monte et descend, la même corde, qui tend l'arc et la lyre, et la même lumière, qui monte aux abysses du ciel et de la mer.
A Jean-David: et c'est un même mot qui mène à une possible, lecture, et à son contraire.
A Jean-Paul: et que serait ce débord, si la mer n'était étale, mais déchaînée, tueuse, tumultueuse!
A Anne-Marie: j'ai voulu ne pas. j'ai pris la photo, et j'ai franchi la ligne, et j'ai avancé, mais je n'ai pas réussi à marcher sur les eaux.
Trempée, je suis revenue sur le bord.
(Je disais donc:)
Héraclite, mon seul dieu!
Amen.
Et pourtant "ils" ont fui...
mea culpa!
ce qui jamais n'empêchera la terre de tourner ni le coq de chanter
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