mercredi 28 janvier 2009

Histoire vraie?


Un étal aux Halles de Nîmes. Les Pink Ladies, petites, pas chères sont du Gard. Je m'arrête. Derrière moi, les voix d'un homme jeune et d'un homme mûr. Quelqu'un est mort qui connaissait quelqu'un, mort depuis longtemps.
— … oui, je l'ai connue, elle est morte en 51…
— … elle était belle ? …
— M…oui, elle…
Je décroche. J'empile mes pommes dans un panier en plastique. Puis j'entends qu'il est question de tableaux de collection.
— …mais nous aussi… mes parents avaient des tableaux, ils avaient un Renoir. Un nu
— ?????
— Ils l'ont vendu, moi, je ne l'aurais jamais vendu.
— D'ailleurs, il est maintenant à la Tate Gallery.
— C'était un paysage ?
— Un Renoir, un nu, à Londres, la Tate Gallery de Londres.
Je me retourne, le jeune homme est un des vendeurs de l'étal, Renoir, la Tate n'est pas son rayon. Pourquoi l'homme grisonnant qui fait ses courses n'explique-t-il pas avec davantage de bienveillance de quoi il retourne puisqu'il semble familier du jeune homme ? Cette manière me laisse perplexe, me dérange.  Je renonce à me mêler de la conversation alors que le fait d'avoir capté en direct la trajectoire d'un Renoir entré à la Tate Gallery m'amuse. Dommage.
Devant mon écran, je visite le site de la célèbre institution londonienne. Sept Renoir, un seul nu. Gabrielle Renard, la cousine de la femme du peintre, morte en 59 (donc la personne morte en 51, ce n'et pas elle).
Le tableau a été légué en 1983 par une madame A.F. Kessler, ce qui ne confirme ni n'infirme qu'il s'agisse du tableau en question. Je ne saurais jamais ce qu'il y avait de vrai dans cette histoire, la mienne s'arrête là, pour l'instant.
Françoise

dimanche 25 janvier 2009

si on dansait ?

Cette SALSA, mes frères !! V. Dogan Gunay vient de divulguer sur le WWW des
images vraiment torrides. Nous sommes quelques uns à avoir reçu en pleine
face la terrible évidence : tout est dans le tempo, tout est dans le muscle,
toute est dans la mâchoire pendante du jury en haleine… Aïe !! Quel talent !
Et cette odeur de sueur, de sciure et de patchouli. Aïe !!
Un seul regret : ils ont arrêté de filmer juste quand j'entrais en scène. Je
porte le n° 1245 et ma partenaire aussi. Vous voulez des images ? la bande
son ? Méfiez-vous : tout le monde peut revenir un jour.
Le Capitaine Crochet

mardi 20 janvier 2009

Ploum ploum tralala

Je n'arrive pas encore à revenir. C'est très difficile, parfois, et parfois c'est encore plus difficile, au point qu'on se demande ce que peut bien vouloir dire 'parfois'. Mais ce qui est extraordinaire, je veux dire dans de telles circonstances (purement intérieures), c'est le sentiment d'être (encore) là. On peut dire que rien n'a changé. Le monde, les êtres chers, les circonstances, certes tout ne cesse de changer (de venir, de disparaître, etc.). Voyez, comment dire, il suffit d'avoir touché le fond de ce qui ne cesse de changer (de venir et de disparaître), ce fond qui n'existe pas (votre vie, peut-être), il suffit d'avoir touché ce fond une seule fois, et bing (ploum ploum tralala). C'est assez concret (mais difficile à dire). C'est de l'ordre de l'expérience (ce que Wittgenstein eût appelé, etc.). Voyez, Derrida n'aimait que la présence, Wittgenstein n'aimait que le silence, Platon n'aimait que le sensible, Heidegger eût mieux fait de n'aimer que l'étant, etc. La philosophie est impuissante, la raison est nulle. La religion est vaine (dans mon cas). La littérature, heureusement je ne sais pas (quand elle cesse d'être ce qu'elle est, et cela arrive sans cesse, ne cesse d'arriver). En ce moment Kertész me sauve la vie (par exemple).

Peu importe. Je n'arrive pas encore à revenir parmi vous. Mais je pense à vous. Je pense à vous d'autant plus fort que je ne parviens pas à revenir parmi vous. À ces mots que certains d'entre vous m'ont envoyés, auxquels je ne suis pas encore parvenu à répondre. Une rue, des poubelles, une photographie qui me fait rêver (très belle). La nuit est froide, sur Lausanne. Il pleut, la pluie fait fondre les derniers restes de neige et de glace (une pluie sale, idiote, sans vérité). Il y a du monde, dans vos mots. Lorsque j'étais adolescent, je songeais à devenir 'moine'. J'ai eu la chance, adolescent qui songeait à devenir 'moine', de passer plusieurs étés dans un monastère juste au-dessus du lac Léman, au Bouveret. Comme je songeais à devenir 'moine' (en réalité un frère qui n'eût jamais été plus occupé ou mieux possédé par ses frères, comme notre hôte nous le fait si bien et si drôlement sentir), les frères m'avaient prêté une cellule à côté d'une autre cellule dans laquelle vivait et se mourait un vieux frère. J'étais heureux, voilà.

(Une Angoisse perpétuelle, ploum ploum tralala.)

Jusqu'à l'âge de quinze ou seize ans, je passais tous mes week-ends chez mes grands-parents. Un petit appartement (la chambre de mes grands-parents, la salle à manger avec un coucou qui n'a jamais fonctionné, et le salon). Je dors dans le salon. Là, je suis seul. Je touche le fond de ce qui ne cesse de changer (ma vie). C'est la nuit, l'école est déjà une mascarade (parfois sanglante), je ne suis pas chez moi (je n'ai jamais été chez moi nulle part, il va de soi), et mes grands-parents vont mourir. Ils sont morts, d'ailleurs. Je suis dans cette chambre, sans dormir, et je regarde. Et voilà, je suis heureux, quoi qu'il en soit et plutôt sans la moindre raison (il va de soi), heureux et dans une Angoisse perpétuelle (ploum ploum tralala, déjà). Le reste n'est que littérature (consolation, joliesse, divertissement, excitation), ou tentative de se tenir, là. Et tenir là (où c'est intenable), c'est heureux. C'est douloureux, c'est heureux, une Angoisse perpétuelle, une tristesse (les mots n'ont pas l'importance que nous leur donnons), c'est à peu près égal (et l'extase à celui qui pressent la différence, le monde entier qui s'embrase, les constellations qui chavirent, etc.).

Ploum ploum tralala.


(Thierry.)

jeudi 15 janvier 2009

La vie que les moines font

Voici, chers amis du blog toujours curieux d'expériences inédites, le
transfert d'un courrier que je viens de recevoir, à 23 heures hier, de mon
ami M**, frère hôtelier. La question était en gros : "Pouvez-vous organiser
une visite de l'abbaye, durant deux heures, un vendredi fin février ?"

Chère Anne-Marie,
Tout est toujours possible comme vous le savez surtout à cette heure où il
fallu régler dans la journée des quantités de choses, comme cet hôte (78 ans
)désormais aux urgences et entre les mains des médecins qui a fait un
malaise ce matin pendant les laudes… puis l'évacuation des eaux usées d'une
des maisons qui ne se fait plus, par exemple quand on fait la vaisselle,
l'eau revient par la douche… ou encore trouver la fosse septique ou mieux le
puisard à moins que ce ne soit le bac à graisse, alors que le téléphone
sonne pour me dire qu'à tel endroit il n'y a plus d' eau alors que la veille
il y en avait encore, inspection des bâtiments pour découvrir ô merveille
que les canalisations ont du geler et que du coup tout a « pété » avec le
réchauffement, impossible de trouver la fuite, il a fallu regarder dans tous
les bâtiments de la ferme, pendant qu'un autre hôte vous cherche partout
parce que la poignée de la porte de sa chambre lui est restée dans la main
et qu'il a vous a déjà demandé la veille pour une autre porte et une ampoule
pour sa lampe de chevet qui soit disant ne s'allume pas, mais en fait elle
n'était pas branchée donc il vous ramène son ampoule neuve, et vous demande
alors un texte sur la communion des saints, et voilà un autre hôte qui vous
demande si le courrier partira bien à la bonne heure comme indiqué sur le
papier parce que son courrier est important et en voilà un autre qui
voudrait une photocopie en trente exemplaires et son éminence qui a besoin
d'une bouteille d'eau, voilà que la porterie vous appelle parce qu'ils
cherchent les interrupteurs ou les plombs pour telle lampe, tiens voilà le
livreur de fioul qui s'est encore gouré d'entrée, il faut donc courir pour
lui dire aussi qu'il ne se goure pas de cuve de fioul entre celle qui est à
sec et celle qui est pleine, parce qu'en plus ce n'est pas du tout le même
compte et au milieu de tout cela, le gentil coup de fil du Monsieur qui est
passé en coup de vent il y a un mois et se demande bien si vous souvenez de
lui et de son projet, mais bien sûr vous vous en souvenez de ce projet, mais
effectivement à la date qu'il propose j'en sais rien moi si la maison est
libre, je suis à l'autre bout de la maison justement en train de régler une
affaire de verrou et de couleur de peinture, parce que là le coup de fil qui
suit, c'est pour un super projet avec la CCI de C*** et les entrepreneurs du
** qui veulent venir pour une soirée dîner à l'abbaye pour que l'on puisse
leur présenter l'abbaye, l'activité économique et les propositions que nous
pouvons leur faire en matière d'hébergement, de location de salle et de
restauration, ah mais là ça devient très intéressant cette affaire parce que
cela fait déjà deux fois au moins que je suis sollicité pour entrer dans ce
club des patrons d'entreprises du ** et qu'il y en a quelques uns qui me
connaissent et qui aimeraient bien que j'y rentre, et voilà la lettre de la
copine qui ne vous écrit qu'une fois l'an, mais qui d'un seul coup vous
colle tous ses problèmes et toutes ses joies en une demi-page, sauf qu'au
recto elle vous annonce qu'elle vient d'être opérée d'un cancer du sein
(même pas 40 ans la fille !) et qu'actuellement elle est en chimio, certes
elle a changé de boulot, de maison, mais elle est toujours célibataire,
quant au type qui vous rappelle pour vous dire qu'il existe et que si vous
avez besoin de linge pour l'hôtellerie, il est toujours à votre disposition,
comme la dame de chez B. qui devait passer cet après-midi, mais qui est très
enrhumée et ennuyée du coup, (en plus elle n'a rappelé qu'après le 5 ème
message sur son portable) parce qu'elle ne pourra pas venir aujourd'hui mais
demain à l'heure que vous voulez, enfin celle qui l'arrange le plus et vous
pas du tout, m….. le revoilà celui-là maintenant qu'est ce qu'il veut
j'espère qu'il n'a pas une poignée dans la main, si seulement il pouvait
s'enfermer dans les toilettes avec la poignée à l'intérieur ça m'arrangerait
 tellement, ô mais qu'il est sympa ce frère d'une autre abbaye à laquelle
vous voulez commander des produits, mais ça fait déjà 4 mails d'échangés et
il a encore oublié la pièce jointe, c'est pas comme ça que je vais passer
des commandes moi, ouf « Parole et silence » est d'accord pour nous aider
pour une signature de livre que nous organisons le 22 février, le livre est
sous presse, quant au ramoneur qui n'a pas encore compris que son devis il
est pas bon, parce que la cheminée de la salle de communauté, c'est pas
l'hôtellerie qui va régler la facture, et en plus il trouve une cheminée de
plus dans la maison, elle est ou celle là ? ah oui ce doit être celle du
Père Noël peut être !

Mais pour vous tout est possible, sauf que deux heures de visite c'est un
peu long non ? on leur fait le coup de la visite et du goûter, zut c'est le
carême ! ou alors il faut faire ça le mardi gras… c'est le 24 février ça
irait ? on leur fera des crêpes pour le goûter avec du cidre non ? Bon
visite trois euros (c'est le tarif groupe) et pour le goûter ……… euh on fait
la même chose que la dernière fois ? 5 euros ça va ?

Dormez bien !
Frère M***
(publié ici avec l'accord de l'intéressé, "surtout si c'est pour un numéro
de cirque" a -t-il ajouté.)

lundi 12 janvier 2009

Mots d’excuse pour une absence


Depuis l'été dernier, impression de ne plus habiter plus nulle part. Bien entendu cette situation n'a rien à voir avec celle des malheureux sans domicile fixe qui luttent pour survivre dans le froid mortel des grandes villes. J'ai un toit, un lit, du chauffage dans un appartement assez confortable. Mais je ne l'habite pas réellement. Je sais que ce logement est provisoire et constitue une escale vers autre chose. Quoi, où ? Je ne saurais le dire encore.
Du coup, j'ai l'impression d'habiter ailleurs. Dans un appartement face à la mer où je me réfugie quand la saison le permet. J'y retrouve toute mon histoire, de mon enfance aux premiers pas de mes enfants. Moments heureux ou nostalgiques qui me donnent l'impression d'exister quelque part dans un univers rassurant. Dans une toute autre perspective, je me sens " habiter " l'appartement lointain d'une femme aux yeux changeants. J'y trouve des moments intenses et vifs que je rêve de prolonger sans savoir si nous aurons le temps d'y écrire une histoire.
Entre ces deux lieux suspendus, j'ai aussi l'impression d'avoir une fenêtre ouverte en permanence sur Internet. Impression d'habiter notre blog. J'y fais un peu de ménage ou de bricolage, j'y laisse quelques mots et j'y écoute mes amis colocataires.
C'est dans ce lieu que j'imaginais attendre le nouvel an. Je craignais ce moment qui me semblait sans promesse particulière, sans vœux clairement exprimables mais avec une obligation de réjouissance. J'avais même imaginé être le premier à poster un message le 31 décembre à minuit !
Pour mon plus grand bonheur, les choses se sont déroulées autrement. J'ai passé la fin de l'année dans un lieu que j'aime habiter. Cette nouvelle année avait les yeux que j'avais envie de voir.
Pourtant ces délicieux moments ont une fin, que j'espère provisoire. Je suis donc rentré chez moi. J'ai allumé l'ordinateur pour retrouver mes amis, notre blog. Il y était question d'habitat troglodyte, de caverne, etc. On s'inquiétait de l'absence prolongée de certains de ses habitants. Je me suis senti concerné. Je m'étais éloigné sans rien dire. Il m'a fallu du temps pour me trouver quelques mots d'excuse.
(Christophe)

vendredi 2 janvier 2009

2009 reset ?

En hommage à notre cher professeur turc qui nous envoie des photos … ah, comment dire… qui pour moi visent en plein dans le mille. C'est vraiment un endroit que j'aimerais visiter la Capadocce. Hors saison et sans touristes, ce qui diminue dangereusement les probabilités de concrétisation. Qui sait ?
Donc une des photos qu'il nous a envoyées comme variante des vœux qui circulent.
Même la machine s'y est mise. Très en forme en ce début de 2009, son premier "captcha" de l'année c'est "ressett", absolument véridique ! Je lui pardonne ce redoublement de consonnes intempestif, admettons qu'elle insiste (et elle peut).
Donc les amis : reset !!
En général, après  ça va beaucoup mieux !
Françoise