
Vu pour la première fois la semaine dernière le film de Sofia Coppola "Lost in Translation". Sans rien savoir du film, le titre me plaisait beaucoup et plus encore après. J'imaginais des êtres en transit perdus dans un aéroport labyrinthique, se trouvant parce que perdus. Mon fantasme n'était pas loin de ce que Sofia Coppola a imaginé puisqu'il s'agit de clients d'un grand hôtel de luxe pour Occidentaux aux prises avec le dépaysement, les insomnies du décalage horaire, l'ennui, et la difficulté d'exister dans l'artificialité d'un Tokyo ultramoderne. Le film ne raconte rien d'autre. Une jeune femme et un homme d'âge mur qui n'ont rien en commun que leur nationalité américaine se lancent mutuellement des perches et parviennent à "échanger". Par touches ils sondent l'avenir pour l'une et le passé pour l'autre. Leurs existences momentanément "hors sol" trouvent des points de contact qui n'auraient sans doute pas été possibles autrement.
Les Canadiens ont traduit le titre du film par un désastreux "Traduction infidèle" ; il fait parait-il référence à une définition de la poésie donnée par le poète américain Robert Frost "Poetry is what gets lost in translation ; message reçu 5 sur 5, puisqu'il est resté intraduit en France !
Pourquoi je parle de ça ? Parce que ce blog , c'est un peu notre hôtel technologique rendu possible par l'ultramodernité du net, nous pouvons rester dans nos chambres, appeler le roomservice (Christophe, I'm joking !:)), décider ou non de descendre au bar, parler de tout, de n'importe quoi, à petite ou haute dose, pour voir si nous nous comprenons, si le courant passe au sens le plus large et flou du terme. Le temps de la phase de transit dure… on ne sait pas exactement. Il semble que certains avaient un avion à prendre, l'ont pris ou vont le prendre…
Françoise
4 commentaires:
Je prise peu l'hotel, où je n'ai jamais trop su comment rester vivant..
Mais le transport...Quel temps béni! Est-on ici, est-on ailleurs? Fait-on plus que passer? On frôle toute chose. On ne laisse aucune trace. On pense tout, ou rien du tout. On passe partout exactement entre les choses. Rien ne s'accroche de ce qu'on voit. On Glisse. Divine apesanteur. Cioran soulignait l'inconvénient d'être né. Mais le transport de naître?
Une autre fois, promis, je vous parle du transport en commun.
J'ai toujours rêvé d'assurer le "roomservice" décrit par Françoise d'autant plus que cela ne m'empêche pas de voyager mentalement et physiquement. D'ailleurs, je suis "revenu" mais pas pour très longtemps ;-)
(Christophe)
La machine a dit BUGGEM, ce que je trouve encourageant, elle collabore, brave petite mécanique non humaine. Elle crée des variantes graphiques à présent ! Où nous emmènera donc le bugg ? Telle est ma transcription.
Pour ne pas quitter notre sujet, j'ai du perdre quelques chose dans l'entre-deux, non ?
Mon grand fils m'avait parlé de ce film qui l'avait totalement envouté. Il ne pouvait rien dire de plus, il a fallu que je voie pour saisir. Magnifique. L'étrangeté, le somnambulisme, la qualité de la photographie, le jeu des acteurs, le vide et le plein.
De quoi se Re-ORIENT-ER.
J'ai des amis qui ont tenu un hôtel qui s'appelait "Elysée" à Châteauroux. Une troupe de théâtre a une fois investi les lieux pour un spectacle réparti dans les chambres, parfois seul avec un comédien, l'invité se demandait où passait la frontière.Je vais leur demander ce qu'il y avait dans l'ascenseur et dans l'escalier.
A bientôt
Anne-Marie
L'Elysée de Châteauroux ! La réalité dépasse toujours la fiction. Je pense à tel épisode de Maigret, dans la version Jean Richard, ou à Raymond Souplex en commissaire Bourrel ; à ces histoires de paumés, de traque, de gentille prostituée sur le retour collectionnant les poupées espagnoles ou regardant tomber la neige dans des faux sulfures en plastique ! Celà ne peut, évidemment, se passer qu'à l'Hôtel Elysée de Châteauroux !
Je me souviens d'un Hôtel Manhattan à Nantes, au début des années 1980, petite masure pour VRP sans convictions avec un rideau derrière lequel dormait la tenancière, et où la courtoisie d'accompagnateur m'avait contraint de dormir. A Clermont-Ferrand, lorsqu'on assiste à un colloque (l'Université n'est pas riche et on ne saurait lui reprocher) c'est l'Hôtel Floride ou Florida, je ne sais plus, qui est l'hôte des chercheurs. Nul mépris dans mes mots sur ces petits établissements basiques, sans décor, ou hélas avec décor (!), aux murs recouverts de moquette moutonneuse, aux "salles" de petit-déjeûner bruyantes par leur carrelage sinistre et leur vaisselle d'hopital, suffisante il est vrai pour accueillir les restes de croissants graisseux de la veille et la simili confiture qui semble tombée d'un ancien wagon-lit. Non, presque de la tendresse même, mais surtout l'amusement, l'incompréhension,la curiosité quant au décalage entre la réalité et la pomposité des noms. Qui pourrait croire à la Floride à Clermont Ferrand ou à Manhattant à Nantes ? Sans parler de l'Elysée de Châteauroux. Ces sympathiques propriétaires d'hôtels sans étoile ou avec deux, voire trois étoiles (ce qui en province n'est pas très éloigné), seraient-ils des lecteurs de la poésie surréaliste ?
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