dimanche 2 novembre 2008

Pourquoi pas?

«Nous connaissons la scène: il y a des hommes rassemblés et quelqu’un qui leur fait un récit. Ces hommes rassemblés, on ne sait pas encore s’ils font une assemblée, s’ils sont une horde ou une tribu. Mais nous les disons “frères”, parce qu’ils sont rassemblés, et parce qu’ils écoutent le même récit. / Celui qui raconte, on ne sait pas encore s’il est des leurs, ou si c’est un étranger. Nous le disons des leurs, mais différent d’eux, parce qu’il a le don, ou simplement le droit — à moins que ce soit le devoir — de réciter» (Jean-Luc Nancy, naguère, dans La communauté désœuvrée).


Je ne serai donc pas cette voix (de «chant», de «récitation» ou de «mime»). Une autre viendra peut-être, encore une autre voix, encore d’autres voix peut-être, pour chacune, sans doute, tenter de «raconter» l’Accident, un coup de dés ou d’octets lancés à travers le silence des machines, de biais, à l’intérieur d’un Espace que nul ne saurait plus «imaginer»? Les voix seront-elles partagées, à la part démesurée de cet Espace que les corps n’auront même pas à quitter pour disparaître, à comparaître un peu soudain comme au travers d’un éclair que la nuit n’aura même pas à annuler? Je ne sais pas. C’est la terre qui n’aura cessé de flotter, dans le fracas des hommes, les constellations muettes, dans le grand ciel d’autrefois, éclairées soudain de voix «nouvelles»? Peut-être. — Ô mes divers Amis, un très-infime Salut de voix, de l’Inconnu à l’Inconnu?

Pourquoi pas.

(Thierry Laus, Lausanne.)

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