Castagnes
« D'abord la bogue vous tombe sur le coin de l'œil. Aïe. Et puis une autre, et encore une. Vous êtes sous un châtaignier, normal, châtaigne = castagne. Oui ça pique, ça vous rentre dans le cuir chevelu ou s'implante dans le crâne oblong des chauves. Vous auriez entendu ce chahut dans les bois de Fabula. La forêt bruissait de cris, les plus fous réclamaient un dédommagement, une amende, l'exclusion ! Le vent calmé, la pluie de bogues s'arrêta net.
Moi, j'ai ouvert la mienne. Et tout autour, chacun d'entre vous aussi. Nous avions découvert la peau très blanche, douce au toucher qui tapisse l'intérieur de la bogue et protège le fruit. Les râleurs étaient partis, on s'est regardés. L'un a ramassé du bois, l'autre a apporté un briquet, le troisième a trouvé une vieille poêle à marrons. Le suivant est allé chercher des allumettes parce que le second avait laissé le feu s'éteindre. On a tous soufflé sur les braises. Maintenant une bonne odeur de châtaignes grillées s'élève dans la clairière. Assis en rond on se demande qui va les tirer du feu. Et comment se les passer de main en main. Qui va décider ? Qui fera quoi ? Qui sera qui ? »
Fable sans moralité. A moins que… Bon appétit les amis !
1 commentaire:
"Qui fera quoi et qui sera qui ?", chère Anne-Marie, sont de bonnes questions, et ces marrons bien chauds (dont la saison nous donne plus envie encore), réussirons-nous à les partager équitablement ? Lors du big bang bug fondateur du bogue, notre conversation à multiples voix était un peu comme le jeu de la patate chaude que chacun lançait ou rattrapait dans une ronde perpétuelle et ludique. Institutionnalisé, notre jeu prend de la distance, de la mesure, un rien de "tiédeur". Puissions-nous préserver la spontanéité et la surprise qui nous ont réunis et convoquer à notre jeu les voix encore silencieuses...
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