mercredi 12 novembre 2008

Et si ça ne discutait plus !

« Les sons émis et les messages tapés n’ont plus pour but de soumettre les entrailles de l’âme à l’inspection et à l’approbation du partenaire. (…) Un commentaire s’impose : cette « interaction », bien que frénétique, ne semble peut-être pas si frivole que cela, après tout, une fois qu’on a compris et intégré le fait que le but –son seul but- est d’entretenir le bavardage. (…) Ces unions ne reposent sur rien d’autre que nos bavardages et nos messages ; elle ne va pas plus loin que les paroles et les messages. Cessez de parler –vous voilà exclu. » (Zygmunt Bauman, L’amour liquide.)

Un peu absent ces derniers jours, comme en retrait dans le monde « réel » plutôt que connecté en permanence à la recherche d'une information pertinente ou d'un message réconfortant ou plein de promesses, je me suis senti interpellé par les remarques de certains de mes amis du bogue qui s'inquiétaient d'un éventuel épuisement de la discussion.
Cela fait plusieurs jours que, sans succès, je tente d'écrire quelque chose en réponse aux propos de Thierry, incitant à ne pas trop questionner le sens de notre réunion et invitant à se méfier de notre néo-communautarisme électronique.
Emporté par l'élan de nos premiers échanges, j'avais rêvé tout haut et trop fort sans doute, d'une communauté à l'œuvre. J'aurais pu me contenter de « l'ouvrage », moi qui contribue modestement à déconstruire patiemment le discours de l'œuvre chez les architectes que croise quotidiennement. Je regrette un peu ces propos surtout lorsque je constate que certains d'entre nous hésitent à s'exprimer tout en désirant participer à notre assemblée.
Thierry avait raison, la communauté peut produire une forme d'exclusion malgré toute notre bonne volonté et notre curiosité mutuelle. Nous nous sommes distingués en appréciant le « bogue » (et non le bug, trop techno ou trop geek) de Fabula.org. Nous avons tant aimé l'accident de Fabula que nous tentons d'en reproduire l'esprit, la forme, le surgissement. Nous souhaitons rester ensemble pour en prolonger les effets en l'alimentant par nos discussions sans but précis et surtout sans fin mais non sans formes.
Nous ne cherchons donc pas à produire une œuvre collective ou une forme unique pas plus qu’une simple communauté de discussion, décrite par Bauman, où il suffit de parler pour exister à travers sa connexion. Si nous n’avons pas de programme précis, il nous reste des questions…

(Christophe Camus)

3 commentaires:

Jean-David a dit…

Je souscris totalement à tes propos, Christophe. Nous pouvons nous demander, toutefois, qui d'entre nous en partage la vision puisque le choeur discordant mais enthousiaste des vingt se retrouve réduit à neuf inscrits, dont plusieurs abstentionnistes...
Et nos tentatives mailées et extra-blog n'ont eu aucun écho, en dépit du sel (voire du poivre) dont pour ma part je les avais saupoudrées.. (seule réponse, une des blogueuses demandant à ne plus recevoir de mails : une femme à la mer!).
Peut-être le don du ludique se fait-il aussi rare...
Quoi qu'il en soit, si chacun rejoint les observateurs étrangers qui gardent le silence, nous formeront certes, chose originale tout de même, le premier blog du silence.. :)



Le sens du jeu se perd

Anonyme a dit…

Je suis dans ce blog sans "profil" mais faisant partie de sa protohistoire. Absente de la rubrique "commentaires", aussi. Sauf maintenant. J'avais dans l'idée, et sans vouloir l'imposer, de laisser les commentaires aux futurs visiteurs du blog. (Pas de jeu sans règles ?) Ne répondre qu'en "façade" du blog, là où j'imaginais que la "communauté" devait faire son trapèze sans filet. Une règle "marabout-bout-de-ficelle" faite de relances d'un billet à l'autre (ça existe déjà ), avec l'oralité et le calibre des mails extra-blog (des commentaires, aussi !), qui sont plus "justes" d'une certaine manière, toujours porteurs de l'effet de la rencontre fortuite. Mais comment sortir du double bind imposé par notre "sujet" inaugural : ne pas l'oublier/ne pas le rabacher ?
En général, la fin des pannes d'ascenseur, des immobilisations de trains en rase campagne (cher aux polars) est attendue avec impatience. Ici, c'est le contraire, on veut continuer à rester bloqués en débloquant. Inventer la formule magique de la conversation-soliloque-intéressant-un-public. Petit théâtre de l'absurde avec vernis techno. (Si, si)
Puisque je déroge, je réponds (au mauvais endroit, de surcroit) au commentaire que Jean-David a fait à mon billet qui ne "savait que faire" sinon redoubler un "sentiment" par un "emprunt" et une image très haute-parleuse. (Hausser la police et la graisse de police, non, je ne pouvais décemment pas)
Loin de moi de monter les femelles contre les mâles et vice-versa. Ma règle m'a empêchée de commenter l'icebug du Titanic qui ne méritait pas 0 commentaire ! Je n'étais pas en phase à cet instant pour pondre un billet tourné et habillé pour la "façade". Répondre en style télégraphique me semblait alors (je ne le pense plus) jouer les éléphants dans un magasin de porcelaine.
Je retourne dans ma tête ce que serait le bon usage d'une contrainte, légère et librement consentie ?

Françoise

Thierry Laus a dit…

Si peu, trop, le temps rapide, si lent,... Je voulais juste dire merci à Christophe, mots entendus, ma main, songeant à dire ceci, cela, si peu, bien trop, songeant aussi (sans en faire discours ni historicité, ni politique ni histoires), hommes, femmes, combien, comment, le Genre (le genre télé-graphe, la ritournelle, le retour et l'avenir, à présent ce qui est, arrive), juste dire un mot pour un sourire, et le temps que, envie de dire un peu, trop peu (ou beaucoup trop) à Jean-David, pourquoi le silence, le silence de qui? J'entends quelques voix, je suis heureux de les entendre,... et voilà que Françoise arrive! à qui je voudrais dire un peu, beaucoup trop, infime, et du coup revenir à ce très bel Iceberg, revenir à revenir à revenir à (plusieurs têtes plusieurs voix), un silence si bruissant (pour une fois cet adjectif après basta!), combien de petits chats dans combien de gorges de combien de têtes de combien de voix? Un deux trois, hop là.

Mais ma main à vous trois.