
Jean Amado, sculpteur et ami de notre amie Michelle (qui nous propose cette photo), était également un ami des bogues...
(Christophe)
Un terrible bug informatique a frappé la liste de diffusion du très sérieux site Fabula.org (La recherche en littérature) durant tout le week end du 25-26 octobre 2008. Cet événement sans précédent a provoqué des réactions inhabituelles : certains abonnés étaient révoltés ou indignés, d'autres ont décidé de s'en réjouir, d'en rire et, finalement, d'en prolonger les effets...
6 commentaires:
Je ne connaissais pas du tout. C'est très beau. C'est un "art" que je peux aimer. Un "art" qui a cessé de nier la terre, la matière, la vie. Un "art" qui ne "surmonte" rien, sans relève. On dirait que c'est la terre qui se montre (aidée de l'homme, à peine). À peine sortie de la terre, de la boue, du sol, de la matière, de la vie, bloc qui ne serait pas ici-bas chu, d'ici-bas élevé à peine, à peine sorti, à peine ouvert pour nous donner, nous montrer quoi, Ceci?
Encore un Accident (aidé d'un Accident d'homme, Jean Amado). Un Accident soutenu, aimé, la boue, la terre, quelle matière aimée, soutenue, regardée, sortie à peine, juste assez pour nous montrer, nous faire voir (la terre, la vie, la matière, quelle matière?, le sol, la boue, la terre, la vie, la matière, Ceci)?
Nuit. La neige tombe, ici. La neige vient du haut, pas de si haut que l'on dit, un autre sol, à peine plus lointain que la profondeur, certes moins lourd (encore que certaines créatures sachent y prendre appui).
Voilà. Jean Amado est un homme, sa matière est le sol. Je me demande maintenant à quoi ressemblent les "sculptures" des oiseaux.
Secret de nuit.
A vous.
Sans doute est-ce, indiscutablement, fracturé. Jamais, voyant cela, je n'aurais pensé bogue. Sans doute d'ailleurs n'aurais-je guère pensé bogue, si je ne vous avais connu. Ce bloc fendu, lézardé, fissuré par le gel, ou quelque choc surhumain, qu'a-t-il subi? le beauté, ici, ne se discute pas. Elle s'inflige et se subit, mais ne se passe pas de quelque enquète, si diffuse soit-elle, sur l'origine d'une telle fracture du visible. Car il ne lasse pas d'être facheux, voire menaçant que le plus solide, et de loin, se voit ainsi tranché par quelque force mal identifiée. Rien de plus lourd et dur à l'imaginaire que la pierre. Rien de plus doux que la courbe la plus ronde, maternelle, alanguie, roulée sur elle-même comme dans une caresse à soi qui servirait de peau, mais aussi de chair, et de compacité. Ce corps rond n'avait donc rien pour déclencher tant de violence. Il y va, dans notre hébétude d'une sorte d'enquète sur la faille du monde, le plus lourd et le plus doux des mondes qui n'aient jamais été ambiant. Je comprends mieux, finalement pourquoi jai eu de suite, immédiate, définitive, une impression de Titanic.
C'est amusant (mais je dois aller me coucher). La matière, immobile et muette, éclate et fait éclater nos sens (nos mots, nos impressions, nos sentiments, pour ne rien dire de nos "interprétations").
Avant de vous lire (nous tutoyons-nous déjà, mon cher Jean-Paul?), ruminant ce jour je ne sais quoi (déjà Amado, autre chose?),
oui, Amado, ruminant ce soir, cette nuit, rentrant dans la neige, je me disais: sable, boue, terre, pourquoi ne pas avoir pensé à la pierre, à la roche, à cette dureté dont vous parlez?
Oui, je n'y pensais pas du tout!
Un fracas, une force, quelque chose qui écarte, fait exploser, entame, iceberg, dureté, roche éternelle, brisée?
Je ne sentais pas. Je me disais, me souvenant de cette Image, que la roche ainsi montrée, la pierre ou je ne sais quelle matière (je ne sais toujours pas!), bref, cette "dureté", transfigurée comme de la boue devenue solide (sans dureté), douce, de la terre rendue à l'éternité de la pierre?
Comme la peau dans le marbre, vous savez?
Je voyais de la douceur (ce qui n'exclut point la force, une Révolution, ou une caresse).
Bien à vous.
Ha je vois que mon Titanic revient, si j'ose dire, à la surface. Oui, comme une proue, le bloc aux formes arrondies, éclate, se fend, s'ouvre indiscutablement. Je remarque cependant qu'aucun des commentateurs de notre cher blog du bogue n'attache son regard à ce qui suit l'écartement de cette fente. Car le bogue éclaté laisse voir un spectacle, non pas celui d'une matière compacte qui éclaterait elle-même mais bien un ensemble d'éléments distincts qui s'échappent du tout, comme des êtres organiques qui s'apprêteraient à sortir d'un grand oeuf. Les enfants du bogue, en quelque sorte (nous ?). Aux souffrances de la gestation et de la libération succèdent donc le surgissement de la vie, l'avènement d'une multitude, qui se sépare en individualités tout en gardant le lien originel. Passant aussi de l'ombre du bogue clos à la lumière du jour, elles subissent l'épreuve de la clarté et de la désunion possible. Oui, finalement, ce bogue là est de notre connaissance...
Oui, associée aux mots déjà là sur cette page, j'entends craquer et travailler la force qui porte au jour. Je l'entends, je la sens de l'intérieur plus que je ne la vois. La photographie met à plat. Il faudrait s'approcher réellement de la sculpture : la bogue d'enfantement, gonflée, tendue, fissurée puis béante pour la vie.
Il me plait de figurer en sage femme messagère de bonne nouvelle.
Ensuite la famille agrandie rit et se congratule, bras serrés, roulés en boule heureuse, exultant de joie. Et ce sont les "retrouvailles". Merci Michelle, merci les amis, nous grandissons à chaque heure.
Anne-Marie (de Bayeux)
Pour aller plus loin en prolongeant la curiosité. Un entretien avec Francis Finidori, un ami de Michelle, qui nous parle de l'oeuvre de Jean Amado...
http://www.ecriture-partagee.com/Fili/00_Cursives/curs_67.htm
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